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Exégèse du Coran

بسم الله الرحمن الرحيم

Le saint Coran est le Livre sacré des musulmans. Il a été révélé par salves successives au Prophète Mohammed, que paix et salut soient sur lui, par l’intermédiaire de l’archange Gabriel, sur une période de vingt trois ans, au septième siècle de l’ère grégorienne. Ce Livre sacré est le Seul, parmi tous les autres Livres révélés par Dieu, tout au long de l’histoire de l’humanité, à avoir gardé son authenticité. Le texte dont nous disposons aujourd’hui est exactement le même que celui qui a été récité par le messager de Dieu avant de mourir. Aucune falsification ni modification n’a pu l’atteindre et ne pourra jamais plus l’atteindre à la faveur d’une transmission orale et écrite hautement rigoureuse qui se perpétue jusqu’à nos jours. Son importance est donc inestimable car c’est la seule Parole divine à laquelle nous pouvons nous référer sans risque de faire faux pas ou se tromper sur son origine. Néanmoins sa compréhension peut par endroit s’avérer ardue et ceci explique les centaines d’exégèse que compte la bibliothèque musulmane et qui font la richesse de ce Livre haut combien merveilleux. Ceci dit, il est nécessaire de préciser qu’aucune de ces exégèses ne saurait prétendre avoir embrassé toutes les interprétations auxquelles peut se prêter la Parole de Dieu. Le sens des versets du Coran est intarissable au point où aucune nouvelle exégèse qui en serait faite aujourd’hui ou à l’avenir ne pourra être considérée comme complète ou inutile tant qu’elle respecte les fondements de l’exégèse et se fait dans les règles de l’art.

Le travail que nous présentons ici est à ce titre original. Il ne s’agit pas d’une traduction du sens des versets comme il en existe de très nombreuses mais une véritable exégèse n’ayant pas de pareille en ce sens qu’elle est primitivement pensée en Français. Nous souhaitons humblement qu’elle trouve écho auprès du lecteur et fasse l’objet d’une critique constructive qui nous permette de l’améliorer et de mieux la construire avec le temps.

Appel et Basmallah

بسم الله الرحمن الرحيم

Au nom de Dieu, le Miséricordieux le Tout Miséricordieux

Louange à Dieu Seigneur des mondes. Paix et Salut soient sur notre prophète Mohammed, ses proches et ses compagnons, ainsi que sur tous les prophètes qui ont été élus par Dieu pour nous transmettre Sa divine parole.

Appel à protection

L’interprétation du saint Coran, n’est pas une tâche facile. Nous nous baserons donc sur les exégèses les plus connues afin de ne pas trop nous écarter du but alloué à ce difficile projet. Nous veillerons aussi, dans un souci de simplicité, à nous limiter aux grandes lignes abordées par le texte coranique, peut être cela constituera t-il un premier pas vers une interprétation plus détaillée en langue française. Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, il nous parait utile de nous appesantir sur l’introduction de la lecture du saint Coran. Comment se fait-elle et quels sont ses préalables. Tout musulman, en effet, qui décide de lire le livre sacré ne serait-ce qu’en partie, est invité à prononcer deux phrases que l’on appelle en arabe « الاستعاذة » et « البسملة ».

« الاستعاذة » pour sa part est un appel à protection. Elle consiste à dire au moment où l’on décide la lecture du Coran, de préférence après avoir fait ses ablutions :

أعوذ بالله من الشيطان الرجيم

Ce qui signifie littéralement :

Je me réfugie auprès d’Allah contre le diable banni ou encore Satan

Il s’agit là, d’une manière claire, de faire preuve de sa soumission totale à Allah détenteur unique de la puissance suprême et Seul Capable de protéger l’Homme contre ce qui pourrait éventuellement lui nuire ou lui faire du mal. Dieu dit dans le chapitre des abeilles, versets 98-100 :

فَإِذَا قَرَأْتَ الْقُرْآنَ فَاسْتَعِذْ بِاللَّهِ مِنَ الشَّيْطَانِ الرَّجِيمِ (98) إِنَّهُ لَيْسَ لَهُ سُلْطَانٌ عَلَى الَّذِينَ آمَنُواْ وَعَلَى رَبِّهِمْ يَتَوَكَّلُونَ (99) إِنَّمَا سُلْطَانُهُ عَلَى الَّذِينَ يَتَوَلَّوْنَهُ وَالَّذِينَ هُم بِهِ مُشْرِكُونَ (100)

98.Lorsque tu lis le Coran, demande la protection d’Allah contre le Diable banni. 99. Il n’a aucun pouvoir sur ceux qui croient et placent leur confiance en leur Seigneur. 100. Il n’a de pouvoir en réalité que sur ceux qui le prennent pour allié et deviennent de ce fait polythéistes

La prononciation de cette phrase devient donc, en vertu de ces versets, une réelle obligation, mais aussi une règle de bienséance vis-à-vis du texte sacré dont la lecture requiert un degré de concentration qui en favorise la méditation et la compréhension. Dieu dit dans le chapitre des femmes, verset 81 :

أَفَلاَ يَتَدَبَّرُونَ الْقُرْآنَ وَلَوْ كَانَ مِنْ عِندِ غَيْرِ اللهِ لَوَجَدُواْ فِيهِ اخْتِلاَفًا كَثِيرًا (81)

81. Ne méditent-ils donc pas sur le Coran ? S’il provenait réellement d’une autre source qu’Allah, ils y trouveraient certes maintes contradictions !

Basmallah

« البسملة » de son coté, est le fait d’évoquer le nom d’Allah à chaque fois que l’on décide d’entamer un quelconque processus et a fortiori lorsqu’il s’agit de la lecture du Coran qui est un acte de dévotion par excellence. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs tous les chapitres du Coran, sauf un, débutent par « البسملة » :

بِسْمِ اللهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ

Que nous traduirons désormais, et cela est un choix personnel, non pas, comme il est de coutume, littéralement, mot par mot, mais plutôt par :

Au nom de Dieu le Miséricordieux le Tout Miséricordieux

Comme si c’était « Arrahim Arrahman » et ce pour les besoins de la traduction qui se voudrait respectueuse de la logique de la langue vers laquelle elle est faite en l’occurrence ici, le français qui contrairement à l’arabe va de préférence du plus simple au plus compliqué ou encore du plus petit au plus grand.

Le Prophète Sidna Mohammed ﷺ a dit à propos de « البسملة » :

Toute chose importante dont le début ne se réfère pas au nom de Dieu le Miséricordieux le Tout Miséricordieux reste nécessairement incomplète.

Il existe toutefois une exception qu’il convient de citer ici. Il s’agit du chapitre du repentir « attawba », 9ème chapitre du Coran, qui paradoxalement débute sans « بسملة ». Les explications données par les divers exégètes sont disparates mais celle rapportée par Ali, le gendre du Prophète et un de ses compagnons les plus en vue, de par sa connaissance du texte sacré, nous semble être la plus plausible. « البسملة » dit-il, est un slogan de paix alors que le chapitre du repentir déclare ouvertement la guerre aux incrédules et surtout aux hypocrites, il serait par conséquent illogique et contradictoire d’associer paix et guerre dans un même discours. Ceci dit, il faut également souligner, comme l’ont fait la plus part des érudits, dont nous nous contentons dans ces lueurs de suivre les traces, sans plus, que le nombre de chapitres du Coran est équivalent à celui des « بسملة » qu’il comporte, malgré ce déficit noté au niveau du chapitre du repentir pour la simple raison que cette même « بسملة » est citée par deux fois au niveau du chapitre des fourmis « النمل » ; une fois à son tout début comme tous les autres chapitres et une seconde fois lorsque la reine de Saba dit, verset 29 et 30 :

إِنِّيَ أُلْقِيَ إِلَيَّ كِتَابٌ كَرِيمٌ (29) إِنَّهُ مِن سُلَيْمَانَ وَإِنَّهُ بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ (30)

Une noble lettre m’est parvenue. 30. Elle est de Salomon; au nom d’Allah, le Miséricordieux, le Tout Miséricordieux

Et selon Bouraydah , le compagnon du Prophète ﷺ, celui-ci a dit :

Il m’a été révélé un verset qu’aucun prophète n’a reçu jusqu’ici en dehors de Salomon fils de David et moi-même, au nom d’Allah le Miséricordieux le tout Miséricordieux

Cependant, un très grand débat sur l’appartenance effective de cette phrase au chapitre du commencement et aux autres chapitres demeure ouvert. Un certain nombre d’oulémas pensent, en effet, qu’elle fait partie intégrante de la Fatiha, et de ce fait, sa lecture est obligatoire dans chaque prière qu’accomplit le croyant afin d’en assurer la validité. Parmi ceux-ci l’Imam Achafii. Ceux par contre qui considèrent qu’elle n’en fait pas partie, ne voient pas en sa lecture au cours de la prière une obligation formelle. Ils préconisent de ce fait un compromis selon lequel la sunna du Prophète voudrait que la « البسملة » soit lue à voix basse même au cours des prières où la voix haute est indiquée. Parmi les défenseurs de ce point de vue, les quatre califes ainsi qu’Ibn Messaoud, Ibn Abbas et d’autres érudits comme Omar ibn Abdelaziz, Hassan El Basri et Abou Hanifa. L’Imam Malick Ibn Anas, pour sa part, considère qu’elle n’en fait pas partie intégrante et préconise de ce fait qu’elle ne soit pas prononcée du tout au cours des cinq prières quotidiennes. Puisse Allah nous ouvrir les voies de la connaissance et faire en sorte que nous soyons du nombre de Ses élus, Amen.