Lorsque les enfants d’Israël exigèrent de Moïse de leur procurer des aliments, en dehors de ce qu’ils avaient déjà reçus, il leur dit sur un ton ironique : « retournez donc en Egypte pour y chercher ce que vous voulez » sachant qu’ils ne pouvaient pas y retourner quand bien même ils l’auraient voulu. C’était là de sa part un point creux signifiant que c’en était trop et que leurs inanités devaient cesser. On ne peut pas se permettre de manquer indéfiniment de respect à Dieu et à son prophète. Tout a forcément une limite. Il faut comprendre que quand Allah comble ses serviteurs de Ses bienfaits, cela ne veut pas dire qu’Il leur permet de faire ce que bon leur semble. Au contraire, cela devrait les pousser à plus de piété et de vertu, exactement, comme le fit le Prophète lorsque Aïcha qui lui demanda pourquoi priait-il autant alors que Dieu l’a totalement absout : c’est une raison dit-il, pour que je fasse plus preuve de gratitude. Les fils d’Israël finirent par le comprendre à leurs dépens. Par leurs conduites stupides, leur claire insolence avec Moïse et leur manque de réalisme, ils finirent par encourir la colère de Dieu et gouter, à nouveau, aux affres de la déconsidération, et de l’humiliation. Dieu dit à la suite du verset n°60 :

وَضُرِبَتْ عَلَيْهِمُ الذِّلَّةُ وَالْمَسْكَنَةُ وَبَاءُو بِغَضَبٍ مِّنَ اللهِ

L’avilissement et la misère s’abattirent alors sur eux et ils encoururent la colère d’Allah,

C’est là le résultat de toutes les bévues dont ils se rendirent coupables depuis leur délivrance. Une décision justifiée car Allah en présente clairement la raison :

ذَلِكَ بِأَنَّهُمْ كَانُواْ يَكْفُرُونَ بِآيَاتِ اللهِ وَيَقْتُلُونَ النَّبِيِّينَ بِغَيْرِ الْحَقِّ ذَلِكَ بِمَا عَصَواْ وَّكَانُواْ يَعْتَدُونَ (60)

Tout ceci parce qu’ils renièrent les signes d’Allah et tuèrent sans droit les prophètes, tout ceci pour leur désobéissance et leurs outrages (dans l’absolu).

Qu’Allah soit loué et fasse-t-Il que nous soyons tous bien agréés, Amen !

Avec la manne venue du ciel, la viande de caille à portée de main et l’eau pour tous, les israélites avaient tout pour être comblés, et cette pléthore ne devait pas les distraire de leur 1^er devoir qu’est la vie pieuse, loin de toute surenchère. Or le contraire de ce qui leur était demandé se produisit. Très vite, ils oublièrent les faveurs qui leur avaient été faites ! Se cachant derrière une présumée routine culinaire, ils sollicitèrent Moïse encore et encore ! Leurs plaintes pleuvaient dans tous les sens et rien ne paraissait plus en mesure d’assouvir leurs envies, ni de ralentir leur appétence. Au lieu d’exalter le Seigneur, ils s’employèrent à dénigrer leur prophète, quitte à le pousser à bout et l’exaspérer. Malgré cela, il se montrait bienveillant et n’hésitait pas à répondre à chacune de leurs doléances. Parmi les curieuses demandes qu’ils lui firent celle des aliments moins nobles que ceux qui leur avaient été octroyés par la Grâce du Seigneur, Dieu dit dans le verset n°60 :

وَإِذْ قُلْتُمْ يَا مُوسَى لَن نَّصْبِرَ عَلَىَ طَعَامٍ وَاحِدٍ فَادْعُ لَنَا رَبَّكَ يُخْرِجْ لَنَا مِمَّا تُنبِتُ الأَرْضُ مِن بَقْلِهَا وَقِثَائِهَا وَفُومِهَا وَعَدَسِهَا وَبَصَلِهَا

60. Et lorsque vous dîtes ! Ô Moïse, nous ne pouvons plus tolérer un seul et même menu. Prie donc ton Seigneur pour nous afin qu’Il nous fasse sortir de terre ce qu’elle fait pousser comme légumes, ses concombres, son ail, ses lentilles et ses oignons !

Moïse n’en fut que plus choqué et après avoir montré son mécontentement, il leur proposa ironiquement d’aller chercher ce qu’ils voulaient plutôt que d’attendre que ce leur soit apporté sur un plateau :

قَالَ أَتَسْتَبْدِلُونَ الَّذِي هُوَ أَدْنَى بِالَّذِي هُوَ خَيْرٌ اهْبِطُواْ مِصْراً فَإِنَّ لَكُم مَّا سَأَلْتُمْ

Voulez-vous dit-il échanger le meilleur pour le moins bon ? Allez donc vers n’importe quelle ville (en Egypte), vous y trouverez ce que vous demandez !

Le temps n’était plus à la cajolerie ! Il devait, enfin, faire preuve d’un brin de fermeté. Qu’Allah soit loué. Amen !